INFOUEST – Bulletin d’information de l’Union Départementale CGTFO des Côtes d’Armor / N°80 – Mars 2022
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Éditorial

« Blocage des prix, Blocage des biens … mal acquis sur le dos des salariés, Blocage… »

Voilà de belles idées révolutionnaires, désormais énoncées par les grands médias, la cause : la violence guerrière et colonialiste de l’impérialisme « Poutinien ».

Nous pourrions même dire chiche : Blocage, maintenant tout de suite, que ces mesures soient prises contre ceux qui se nourrissent du labeur des travailleurs.

Que cette saine orientation soit effective à l’internationale, à l’Europe, et également à tous oligarques de France (nous ne sommes jamais mieux soignés que par nous-même) et d’ailleurs tant qu’on y est les Russes (cible évidente des discours bien-pensant).

Malheureusement la guerre est là, et comme toute guerre, elle est monstrueuse ; le capitalisme souverainiste et colonialiste « Poutinien » est totalement monstrueux, il rend obstacle au futur qui refuse de naître, mais il s’explique en partie par une citation extraite d’un discours de Lénine « Le fascisme est le capitalisme en décomposition ».

Tout doit être mené pour convaincre que seul les chemins de la diplomatie mènent à la paix. N’écoutons pas les billevesées sur les sanctions économiques, car même si le PIB Russe est trois fois plus faible que celui de la France, l’histoire nous rappelle que jamais un embargo quel qu’il soit, n’a jamais renversé une gestion nationaliste radicale, voire dictatoriale (en mémoire l’embargo sur l’Iran des Ayatollahs pour exemple). Et par constat, ce sont les populations et de tous les pays qui payent et souffrent de l’isolationnisme économique.

Le vote à la très large majorité des parlementaires de l’Union Européenne soutenant le grand embargo est pour le moins surprenant, il y a là une dichotomie entre les appels à la paix d’un côté et l’embargo de l’autre cela est suicidaire économiquement parlant (cf. la crise subprimes); ainsi les députés (dé)masqués de l’UE deviennent
des va-t’en guerre ! Les marchands d’armes eux se frottent les mains.

Notons que le premier représentant de commerce de notre pays (le président) a particulièrement œuvré pour implanter Total (entreprise au top des chiffres enbénéfices) et Orpéa (structure côtée en bourse qui prend des dividendes sur la fin de vie) en Russie.

Ceux qui subissent les guerres, ne la commandent pas ; et notre organisation apporte toute notre solidarité collective et syndicale aux familles et aux appelés qui sont sous le feu de l’horreur, rappelons-nous cette pensée de Paul VALERY, « La guerre ? Un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas ». Le colonialisme, qu’il soit d’aujourd’hui ou d’hier, a toujours fait des ravages, nous ne pouvons que nous féliciter de l’engagement d’Alexandre Hebert puis de toute la CGTFO qui, en son temps, avait été la première organisation syndicale à s’opposer à la guerre d’Algérie, et nous apprécions en ce 19 mars l’anniversaire de la paix retrouvée. Continuons cette route pacifiste et internationaliste dans laquelle notre organisation s’est toujours inscrite. Soyons solidaire avec les réfugiés que, hier encore, certains nommaient migrants, luttons contre la xénophobie et le racisme, soyons encore solidaires de nos collègues travailleurs quel que soit leur lieu de naissance ou la couleur de leur peau, cela fait pleinement partie de notre ADN syndical. L’indépendance syndicale, une exigence pour construire l’avenir de la CGTFO.

Notre syndicalisme confédéré, est fondé sur cette conception. Elle est l’interface entre les différents adhérents de notre organisation. Nous pourrions la résumer rapidement par Résolution, Mandat et Administration (je préfère ce terme à celui de direction) et de fait il reste à l’ordre du jour préparatoire de notre futur congrès.

Le sujet est délicat, mais les salariés ont besoin d’avoir une organisation syndicale qui assume son engagement pour les défendre et créer un avenir meilleur. Aussi, pouvons-nous affirmer que pour être efficace, FO ne doit aucunement s’inscrire dans le « diagnostic partagé » avec le patronat ou dans l’accompagnement du gouvernement ! Pour le syndicalisme, campagne présidentielle ou pas, il n’y a pas de trêve syndicale, l’indépendance est une exigence, c’est
notre revendication de base pour garantir la liberté de négociation face au dirigisme social. En ce sens, nous devons œuvrer pour reconquérir tous les moyens de liberté d’association, de liberté de négociation et de liberté syndicale.

L’indépendance conduit en effet à refuser d’être l’auxiliaire de l’entreprise ou le subsidiaire de l’Etat. L’attachement des adhérents de la CGTFO, nous le rappelle chaque jour. C’est la raison pour laquelle la Charte d’Amiens est
et reste en préambule de nos statuts confédérés : c’est le fruit historique des concepteurs de l’union du syndicalisme Français, fondateurs d’un très beau compromis syndical, donc de fait non-révolutionnaire (au sens pure du terme),
puisqu’il accepte le principe de négociation et de contractualisation comme moyen nécessaire pour améliorer le quotidien de la classe ouvrière et faire ce pourquoi nous nous impliquons au quotidien. Il détermine les principes et nos valeurs émancipatoires et internationalistes. Il conduit aussi notre pratique, celle d’une confédération syndicale qui entend défendre et promouvoir le contrat collectif et la liberté de négociation dans un cadre républicain d’égalité.

Mais dites donc, fort de ce constat, quelle surprise ou plutôt : « quelle mouche a donc piqué » (*) certains camarades « coach » et autres honorables personnalités de notre organisation, pour qu’ils tentent de nous donner le « LA » social, en nous invitant à voter pour tel candidat !

Camarades, avec tous le respect que j’ai pour vous, ce n’est pas sérieux ! Utiliser votre titre où engagement syndical soi-disant en tant qu’individu, vous vous glissez ainsi en directeurs de conscience de la campagne présidentielle.
Mes camarades, la position de notre organisation est et reste encore la même : hors de question de donner toute consigne de vote. Bien évidemment à titre personnel et citoyen chacun fait ce qu’il veut en dehors du syndicat, voir
même si des camarades décident de faire campagne, ils ont naturellement la décence d’informer leurs instances de la suspension de leur mandat.

Pour nos droits et contre toutes les contre-réformes, pour notre syndicalisme : celui qui revendique la sécurité sociale de 45, sans concession pour les retraites par répartition, pour partir en retraite en bonne santé (retour aux 37.5 annuités). Pour la majorité de nos syndicats, l’heure est encore à construire ensemble l’avenir de la force syndicale libre et indépendante. C’est dans ce combat que se reconnait la majorité de nos adhérents. Un syndicat FO
réformiste oui, mais sans jamais quitter le terrain de la lutte de classe.

A tous, Paix, Pain, Liberté, vive la CGTFO, vive la sociale !

Éric LE COURTOIS
Secrétaire Général de l’U.D. CGTFO 22

(*) Vous aurez reconnu ce sous-titre détournée d’une fable de
sieur La Fontaine : Le Coche et la Mouche, extrait :

« J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ca, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés. »