Editorial de Pascal Pavageau (FO-Hebdo) du mercredi 6 juin 2018

Dans le respect de l’engagement pris par Léon Jouhaux dès 1948, Force Ouvrière a su, au fil des années, perpétuer la tradition d’une présence active au sein de l’Organisation internationale du travail (OIT). Créée dans l’idée qu’une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale, l’OIT, par son œuvre, a amplement concouru à l’amélioration de la condition des travailleurs dans le monde. Son organisation tripartite, unique, assure une égalité de droits et de représentation entre les représentants des gouvernements, ceux des syndicats de salariés et ceux des entreprises.

Forte de son engagement historique pour le respect des droits fondamentaux et en faveur du progrès social, notre organisation appelle de ses vœux un renforcement de la place de l’OIT. À un an du centenaire de sa création, conforter son rôle dans l’application et le contrôle des normes internationales du travail apparaît comme une nécessité, tout comme lui reconnaître un pouvoir de sanction à l’égard des États qui ne respecteraient pas les conventions qu’ils ont pourtant adoptées.

Le besoin d’une régulation sociale mondialisée se fait urgemment sentir, alors que la primauté donnée aux libertés économiques fait pâtir les travailleurs de la planète d’une course effrénée au moins-disant social.

Dans un contexte marqué par une mise en compétition tant entre États qu’entre travailleurs, et dans laquelle le social sert très souvent de variable d’ajustement, les principes édictés par l’OIT sont plus que jamais d’actualité. Reconnaître comme un principe fondateur que le travail n’est pas une marchandise trouve un écho tout particulier à l’heure de l’économie ubérisée, où il est bon de chercher des clients faute de parvenir à trouver un emploi. Force Ouvrière s’inscrit pleinement dans l’action de l’OIT, défendant l’accès universel à un travail décent, apportant sécurité, émancipation et dignité.

Aussi, au niveau national comme à l’échelle mondiale, nous défendons avec conviction la préservation des acquis et la conquête de nouveaux droits, à rebours des politiques actuelles qui, le plus souvent, se soldent par de moindres garanties pour les travailleurs. Cette 107e Conférence internationale du Travail est l’occasion pour Force Ouvrière de réaffirmer sa détermination à opposer, au mouvement prétendument inéluctable de reculs sociaux et d’accroissement des inégalités, un modèle véritablement synonyme de progrès social.