Editorial de Jean-Claude Mailly (FO-Hebdo) du mercredi 25 octobre 2017

On ne peut pas plaire à tout le monde est certes le titre d’une émission télé (ONPP), mais c’est aussi ce que l’on pourrait appeler une évidence de tous les jours et en tous lieux, y compris à Force Ouvrière.

Il n’y a d’ailleurs aucune raison pour que Force Ouvrière soit un monde de Bisounours.

Nos débats sont inhérents à notre démocratie syndicale et à nos statuts, et c’est bien ainsi.

Que s’expriment des désaccords n’a rien de nouveau et on peut régulièrement le mesurer dans nos instances.

De tout temps à FO il y a eu des minoritaires (dixit le premier secrétaire général de FO, Robert Bothereau) mais pas de minorités, c’est-à-dire de courants politiques organisés, ce qui de facto conduirait à affaiblir l’objectif de l’unité au profit de joutes politiciennes et de recherche de majorité, pouvant d’ailleurs fluctuer au gré du temps et /ou du contexte.

La dernière période n’y échappe pas. S’y ajoute, en l’occurrence, la perspective de notre prochain congrès confédéral à Lille fin avril 2018. La composition de la future Commission exécutive confédérale ou les débats qui auront lieu dans les différentes résolutions qui seront discutées et votées par les syndicats au congrès alimentent forcément certaines spéculations.

Nous n’avons pas tous la même conception du réformisme militant ou exigeant.

Certains, dont je suis, considèrent que si nous pouvons négocier ou concerter, il faut le faire en tenant compte du contexte. Mobiliser si tel n’est pas le cas ou selon le résultat, mobiliser quand on l’estime nécessaire et possible.

Selon les moments, d’autres ont tendance à vouloir manifester avant de discuter. S’il est vrai que depuis des années, en France comme ailleurs, la situation sociale et économique est plus que difficile pour les salariés et que le doute s’installe vis-à-vis des gouvernants quels qu’ils soient, il n’en reste pas moins que nous devons rester fidèles à ce que nous sommes. Il en va de notre crédit auprès des travailleurs.

À celles et ceux qui rêvent de réintroduire au sein de FO le débat entre syndicalisme de contestation et syndicalisme d’accompagnement, parce qu’ils se sentent orphelins d’une concurrence au secrétariat général de FO, je leur dis qu’il est inutile de perdre leur temps sur un sujet réglé depuis maintenant près de trente ans : négociation et contestation sont nos deux références, mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs… Certains auraient souhaité (peut-être le souhaitent-ils encore ?) que je remette mon mandat de secrétaire général avant le congrès de Lille. Comme si le syndicat était le fait d’un seul individu, au mépris de la démocratie, des débats et des statuts.

Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge.