Editorial de Pascal Pavageau (FO-Hebdo) du mercredi 9 mai 2018

De tous temps, Force Ouvrière a œuvré pour toujours plus de progrès social envers l’ensemble des travailleurs du continent européen. Or, si cette journée du 9 mai est l’occasion de rappeler l’attachement qu’a Force Ouvrière à une construction européenne, voie et voix de la paix, force est de constater que l’Union européenne fait aujourd’hui la part belle aux marchés au détriment de toute dimension sociale.

C’est au nom du «  tout concurrence  » sur lequel s’est bâti le marché unique que les fondements de la construction européenne ont été progressivement sapés, faisant le choix assumé d’une logique libérale qui avalise le dumping entre États et fait prévaloir les libertés économiques sur les droits des travailleurs. Alors même qu’elle est parmi les régions les plus riches du monde, l’Union européenne souffre d’un creusement persistant des inégalités. A rebours d’une harmonisation par le bas, engendrée notamment par la signature de traités de libre-échange, il est grand temps de renouer avec l’objectif d’égalité et de progrès social.

Il est urgent, même, de renforcer le pilier social européen en exigeant des mesures concrètes et rapides. Parmi elles, l’application stricte du principe d’égalité de salaire et de traitement pour tous les travailleurs, ou encore la mise en œuvre d’une réglementation contraignante sur les relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants, sont essentielles pour freiner la course au moins-disant social comme la concurrence entre États et modèles sociaux.

On ne peut que dénoncer de passer d’une Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, où les liens inter-États étaient basés sur de la coopération, de l’entraide, du développement industriel et de l’emploi à une Commission Européenne de la Compétitivité et de l’Austérité !

A Force Ouvrière, nous revendiquons des politiques publiques volontaristes, qui défendent l’emploi d’aujourd’hui et développent l’emploi de demain. Parce que l’Europe en a les moyens, elle doit aussi en avoir la volonté politique. En particulier, la création de véritables filières industrielles doit permettre de contrer les menaces que font peser sur ce secteur la mondialisation et les délocalisations à l’étranger. C’est un projet de long terme qui doit être porté, lequel doit passer par une valorisation de l’Industrie – de ses métiers, de ses salaires et de ses conditions de travail – par l’innovation et la recherche-développement, ainsi que par un renforcement des aides publiques aux entreprises, ciblées notamment sur l’emploi et l’investissement.

Les millions de travailleurs européens méritent mieux qu’une régression sociale mondialisée organisée à leurs dépens, et s’unir reste le meilleur moyen de peser dans le rapport de force. C’est pourquoi la solidarité comme la coopération avec les syndicats étrangers sont essentielles, et c’est avec conviction que notre Organisation y œuvre.