Mailly2Editorial de Jean-Claude Mailly (FO-Hebdo) du mercredi 12 octobre 2016

La machine à perdre de la croissance économique est toujours en marche. Aussi, l’activité économique cette année comme en 2017 risque d’être moins forte que précédemment annoncée.

Cela vaut pour la France comme pour l’Europe et sur le plan mondial.

Des événements comme le Brexit ou les tensions géopolitiques jouent, bien entendu. Mais l’insuffisance de la demande, donc de la consommation, le sous-investissement public et privé, les jeux spéculatifs tiennent une place importante.

Pour ne prendre qu’un exemple s’agissant de la France, le résultat coût/impact du CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi) mérite d’être relevé. S’agissant du coût global il s’élève, pour le budget de l’État, à 28 milliards d’euros.

Il a contribué à redresser les marges des entreprises, et en particulier des plus importantes. Nombre de sous-traitants ont quant à eux subi la pression de leur donneur d’ordres pour récupérer une partie de leur CICE.

Pour autant, le CICE n’a eu aucun effet mesurable sur l’innovation, la recherche- développement ou les exportations ! Ce qui était pourtant un objectif affiché.

Il n’a pas eu d’effet non plus sur les salaires. Quant à l’emploi, dans le meilleur des cas il aurait permis le maintien de 100 000 emplois, ce qui revient à 280 000 euros par emploi ! A contrario de ces aides générales, non ciblées sur les entreprises, aux effets d’aubaine importants, toutes les aides ciblées, conditionnées, ont, elles, des effets mesurables, y compris sur l’emploi, comme le montre notamment l’activité de la Banque publique d’investissement.

À nouveau, il nous faut donc dénoncer la logique néolibérale selon laquelle il faut réduire le coût du travail, la fiscalité, les droits sociaux, qui plus est en diminuant les dépenses publiques et sociales, pour que ça aille mieux demain.

Cette logique selon laquelle il faut aider les plus riches ou les plus gros pour que tout aille mieux s’appelle la logique du ruissellement. Ainsi, si on aide un riche en réduisant ses impôts, il consacrera cet argent à soutenir une entreprise qui, ainsi, pourra embaucher un pauvre !

Il y a une forme de cynisme dans une telle démarche.

Le ruissellement en question ne peut que conduire à l’orage social, économique et démocratique.