Jean-Claude_MaillyEditorial de Jean-Claude Mailly (FO-Hebdo) du mercredi 10 septembre 2014

À différentes reprises nous avons alerté sur les dangers sociaux, économiques et démocratiques de l’austérité, en France comme ailleurs.

Certes, les pouvoirs publics affirment que la politique suivie en France n’est pas de l’austérité, un peu à l’image de ce tableau célèbre de Magritte représentant une pipe avec l’inscription : « Ceci n’est pas une pipe. »

S’il est vrai qu’il y a des degrés divers en matière d’austérité, il n’en reste pas moins que la logique suivie en France (réformes dites structurelles, baisse du coût du travail, réduction des dépenses publiques et sociales, etc.) est bien une logique arithmétique d’austérité.

Si l’on prend l’exemple du pouvoir d’achat, on ne peut que constater le blocage du gouvernement sur l’augmentation du Smic ou du point d’indice dans la fonction publique. Comme si demander une augmentation des salaires était non seulement iconoclaste mais aussi dangereux économiquement.

Pour le gouvernement, l’augmentation du pouvoir d’achat doit être liée à une baisse des prix et à une concurrence plus forte. D’où, par exemple, la réforme annoncée des professions réglementées, le tout au risque d’accélérer le danger déjà fort de la déflation.

On oublie également que la tendance low cost est dangereuse en termes de conditions de travail, de salaires et d’emploi. En témoigne le secteur de la téléphonie mobile, où l’on évalue à 30 000 au moins le nombre d’emplois disparus.

L’austérité est par définition contradictoire avec l’augmentation des salaires et la relance, pourtant indispensable, de l’investissement public.

L’annonce des 300 milliards d’euros de relance au niveau européen étalés sur plusieurs années est insuffisante. Ce sont au moins 300 milliards par an qui seraient nécessaires.

Dans ce contexte, les annonces gouvernementales, soutenues par le patronat, sur les seuils sociaux ou le travail dominical, sont des provocations et des preuves d’une soumission aux marchés financiers.

Nous les dénonçons donc activement.

Nombreux sont ceux qui expliquent que l’économie dépend beaucoup de la psychologie et de la confiance. Ce n’est pas faux. Mais la confiance est rompue avec les salariés. Pour la rétablir, il faut que l es pouvoirs publics répondent à leurs attentes, à nos revendications de syndicat libre et indépendant.