Dans un livre paru le 30 novembre, Les Apprentis sorciers, Jean-Claude Mailly revient sur la longue bataille contre la loi Travail. L’ouvrage fait vivre de l’intérieur cette tranche d’histoire sociale où s’entrechoquent la politique, l’économie, la psychologie, les manœuvres….

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Ces quatre mois de conflit laisseront des traces profondes. Partout, explique Jean-Claude Mailly. De la première manifestation le 9 mars à celle du 15 septembre, ce ne sont pas moins de quatorze journées qui ont mobilisé les salariés contre la loi Travail. Fer de lance de ce combat contre cette loi de recul social qui s’attaque à l’ADN de la confédération, à savoir la hiérarchie des normes, FO a tout fait, jusqu’au bout, pour faire reculer le gouvernement. Son secrétaire général revient sur la mobilisation, les initiatives et propositions pour « sortir par le haut » du conflit, mais aussi sur la surdité de ses interlocuteurs, que ce soit au gouvernement ou à l’Élysée.

Dès la publication dans Le Parisien de la première version de la loi Travail le 17 février, Jean-Claude Mailly décrit ses échanges avec ses interlocuteurs, notamment gouvernementaux. Il rappelle les avoir exhortés à suspendre puis à retirer ce qui n’était alors qu’un projet de loi afin qu’une réelle concertation puisse se tenir. Après le succès tant de la première manifestation le 9 mars que de la pétition en ligne appelant au retrait du texte, qui a rapidement dépassé le million de signataires, le livre décrit le deal passé entre la CFDT et le gouvernement le 14 mars. Le secrétaire général rappelle avoir indiqué dès le 24 février que cette confédération était « en train de négocier la longueur de la corde ». Après le 14 mars, l’inversion de la hiérarchie des normes, ligne rouge pour FO, est maintenue mais le gouvernement concède le caractère indicatif des barèmes des indemnités prudhomales.

L’ouvrage décrit ensuite l’enchaînement des manifestations et l’intransigeance de l’exécutif. La seule fois où il [François Hollande] m’a donné une réponse précise, c’est lors de notre dernier entretien. Je plaidais une ultime fois pour des changements dans la loi Travail. On a un accord avec la CFDT, fut le verdict du président de la République, raconte le secrétaire général. On apprend également que Manuel Valls, particulièrement soucieux de son deal avec la CFDT, en a été l’un des adhérents.

Mais cet accord avec la CFTC et la CFDT reste minoritaire : ces deux organisations représentant 35 % des salariés, alors que les syndicats opposés au projet de loi (CGT, FO et CFE-CGC) en représentent pour leur part 52 %. Minoritaire socialement, le gouvernement est alors également minoritaire sur le plan politique. En effet, selon Jean-Claude Mailly une partie non négligeable des députés de la majorité (de 80 à 100, dit-on) ne voulait pas voter le texte en l’état. C’est donc par le 49-3 que le gouvernement imposera ce texte à sa majorité. Un comble pour une loi dite de progrès social.

L’ouvrage revient également sur les négociations concomitantes sur le CPA ou l’Unédic et ses difficultés avec Pierre Gattaz : Je souhaite, simplement, pour mon successeur un autre président du Medef… Les relations de Jean-Claude Mailly avec Philippe Martinez et Laurent Berger y sont également évoquées, tout comme les convergences sur la hiérarchie des normes avec l’UPA. Le secrétaire général de la confédération rappelle enfin les recours déposés auprès du Conseil constitutionnel, la non-conformité de la loi avec certains textes européens ou internationaux. Pour Jean-Claude Mailly, le dossier n’est pas clos.

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30 novembre : C’est la date de sortie du livre du secrétaire général de FO sur le long combat contre la loi Travail les neuf premiers mois de 2016.