Confédération FO
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20160302Les salariés de la Cooperl, groupe coopératif agricole de production porcine, sont mobilisés à l’appel d’une intersyndicale dont FO depuis le 25 février. Ils s’opposent aux mesures de restrictions salariales imposées par la direction dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO).

« Ouvriers du cochon, on est pris pour des c… ». C’est avec ce slogan que les salariés de la Cooperl manifestaient le 29 février à l’entrée de l’abattoir porcin de Lamballe (Côtes d’Armor) et menaient des barrages filtrants sur les échangeurs de la RN 12 à proximité.

Sur ce site qui compte 2 300 salariés dont un millier à la production, 80 % des ouvriers sont en grève à l’appel de FO et deux autres syndicats. Des débrayages et des grèves ont également été lancés sur les sites de Lyon, Montfort-sur-Meu et Loudéac. Les grévistes ont appelé les éleveurs de porcs à la rejoindre.

La mobilisation, illimitée, a démarré le 25 février, à la veille de la deuxième réunion des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires.

Jusqu’à 600 euros en moins par an

« La direction dépasse toutes les bornes, elle n’écoute pas nos revendications et nous impose le gel des salaires et une révision à la baisse du mode de calcul de la prime d’ancienneté et du 13è mois », dénonce Salim Mouhli, délégué FO à Lamballe. Cela représenterait une perte moyenne de 320 à 600 euros bruts de salaire par an alors que le salaire mensuel moyen est de 1300 à 1400 euros.

Les négociations sont au point mort depuis le 26 février. « Nous sommes face à un mur, on se sent méprisés, la direction ne veut revenir sur rien, poursuit le délégué FO. Et des membres de la direction accompagnés d’huissiers restent à côté des pointeuses et menacent les salariés qui débrayent. »

Les grévistes ont le soutien du maire de Lamballe. Une délégation a été reçue en préfecture le 29 février. Elle a demandé la nomination d’un médiateur. « Le préfet va essayer de faire la médiation pour rouvrir les négociations, sinon un médiateur sera nommé », poursuit Salim Mouhli, membre de la délégation.

Utiliser les salariés pour faire pression sur le gouvernement

La direction prétexte la crise de la filière porcine pour réduire les salaires. Les mesures de restriction toucheraient près de 4 000 salariés sur les 5 000 qu’emploie le groupe coopératif, leader français de la production porcine avec 5,55 millions de porcs par an.

« Dans le département, les négociations chez Bigard ou à la Socopa ont été correctes, ajoute Eric Le Courtois, secrétaire général de l’union départementale FO des Côtes d’Armor. La direction de la Cooperl utilise les salariés pour faire faire pression sur le gouvernement afin de bénéficier du CICE, qu’elle ne peut pas toucher en tant que coopérative. Mais elle a plein d’autres aides sans contrepartie. »

« Elle veut aussi faire pression sur le ministère des affaires étrangères pour une sortie de l’embargo russe afin d’accéder à ce marché », ajoute Salim Mouhli.

Un porc se présente toutes les six secondes

Les grévistes revendiquent aussi une amélioration des conditions de travail. Les cadences ont augmenté de 8 % en janvier 2015, passant de 650 à 700 porcs par heure.

« Alors qu’on demandait une meilleure ergonomie, des ingénieurs de méthode sont venus chronométrer le travail, dénonce le délégué FO. Une pièce se présente toutes les six secondes. On la traite en quatre secondes. Il nous reste deux secondes pour affuter et dégraisser le couteau mais la direction considère que c’est encore trop. La Cooperl casse son personnel physiquement et psychologiquement, on nous en demande toujours plus, et maintenant pour moins cher. »

En un an, les accidents de travail et accidents professionnels (ATMP) ont plus que doublé. « C’est l’entreprise qui remporte le record d’inaptitudes par le travail », déplore Eric Le Courtois.

Clarisse JOSSELIN (FO Hebdo)