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Jean-Claude_MaillyEditorial de Jean-Claude Mailly (FO-Hebdo) du mercredi 15 janvier 2014

Monsieur Gattaz, prénom Yvon, président du CNPF (le Medef d’alors), expliquait dans les années 1980 qu’avec moins de contraintes en matière d’emploi les entreprises embaucheraient 471 000 personnes.

Les pouvoirs publics de l’époque le crurent, les emplois sont toujours attendus !

Monsieur Gattaz, prénom Pierre, président du Medef, explique que si on allégeait fortement les dépenses publiques et sociales, dont les « charges » des entreprises, de 100 milliards d’euros, 1 million d’emplois pourraient être créés par les entreprises.

Apparemment le président de la République est sensible à ce raisonnement. Il a en effet proposé, lors de ses vœux à la nation le 31 décembre 2013, un « pacte de responsabilité » aux entreprises. Moins de charges, moins de contraintes contre plus d’emploi et de dialogue social.

Certes, on n’en sait pas plus pour le moment et il faudra attendre la conférence de presse du 14 janvier –dit-on– pour être fixé.

Pour autant, l’annonce est révélatrice. Elle se situe dans la logique économique néolibérale entièrement basée sur la compétitivité-prix, selon laquelle moins le travail est cher plus il y a d’emploi ! Au passage, cela s’inscrit dans le dumping dénoncé par ailleurs. Et le raisonnement, pour idéologique qu’il soit, n’a jamais été démontré.

On comprend mieux d’ailleurs pourquoi l’ANI du 11 janvier 2013 (sur la sécurisation de l’emploi) avait été qualifié d’historique, car lui aussi s’inscrit dans l’allégement des procédures et plus de flexibilité.

Le président de la République a fixé un objectif à la réforme fiscale : payer moins d’impôts !

Qu’on le veuille ou non, réduire les fameuses « charges » sociales et les impôts (ainsi que les dépenses publiques) conduit à fragiliser encore plus les régimes sociaux et le service public, dont la solidarité et l’égalité républicaine.

On appelle cela comme on veut, politique économique de l’offre, néolibéralisme ou libéral socialisme, le résultat est le même, c’est le capitalisme qu’on favorise.

Certes, la chose n’est pas nouvelle. Dans les années 1970 un chancelier allemand expliquait que les profits d’aujourd’hui font les emplois de demain !

Un président français dans les mêmes années 1970 expliquait qu’au-delà d’un taux de 41% de prélèvements obligatoires, on serait en régime socialiste !

Un Premier ministre britannique expliquait, quant à lui, que l’économie n’a pas de couleur politique, sous-entendant que c’est une science exacte.

Au fil des années, les travailleurs se sont vu imposer des remises en cause de droits. Pour autant, ils ne sont pas dupes et n’ont jamais pris des vessies pour des lanternes.

Ce pacte de responsabilité ressemble fortement au pacte de confiance proposé par le Medef, qui a d’ailleurs réagi positivement.

Effectivement, le président de la République est aussi, selon sa propre formule, président des entreprises. Certains évoquent la formule de « socialisme de l’offre », ce clair-obscur qui s’appelle un oxymore.

Plus qu’un virage ou un tournant, c’est en quelque sorte un « coming out » libéral.